mercredi 19 janvier 2011

30 vies moins 2

Est-ce qu'il y en a parmi vous qui ont écouté les premiers épisodes de 30 vies, la nouvelle série de Fabienne Larouche? En gros, c'est la même chose que Virginie, sans Virginie et un peu modernisé j'ai l'impression. J'ai pas beaucoup écouté Virginie, donc j'ai pas de points de comparaisons. Les épisodes sont dispos sur tou.tv aussi.

J'ai remarqué quelque chose d'étonnant en écoutant les 3 premiers épisodes. Dans deux épisodes sur trois, le terme féministe a été utilisé, et pour désigner deux femmes différentes. Wow! me direz-vous, enfin une série qui nous donne de la visibilité. Hum... pas si certaine. Je vous mets en contexte.

Premier épisode:
On découvre les parents d'un jeune. La mère a un nouvel emploi depuis trois mois, c'est elle qui subvient au besoin de la famille. Le père s'est fait crisser dehors peu de temps avant et il vit TRÈS mal le fait de ne plus pourvoir au besoin de sa famille. Il se rabaisse beaucoup et surtout culpabilise sans arrêt sa femme parce qu'elle travaille et pas lui. Il dénigre les tâches à faire à la maison. On voit qu'il se sent rabaissé de ne plus être le pourvoyeur. À un moment, il dit à sa femme qu'il va "faire la femme" ou "la mère". Elle lui répond: "Je sais pas ce qui me dérange le plus : que tu te rabaisses ou que tu fasses le gros nono macho ". Ce à quoi il répond: "laisse faire la morale féministe, c'est vraiment pas le temps."

On peut interpréter ce passage là de plusieurs façons. À date pourtant, l'émission met beaucoup l'emphase sur le mal être du père. C'est parfaitement légitime qu'il soit déprimé, fâché d'avoir perdu son emploi. Pourtant en mettant l'emphase sur son malaise de ne pas jouer comme il faut son rôle d'homme pourvoyeur, je ne crois pas que l'émission nous rende service, ni aux femmes ni aux hommes. Elle le représente comme un personnage tourmenté, qui culpabilise sans cesse sa femme, lui fait regretter de travailler. Il lui fait entendre qu'elle ne s'occupe pas assez de leur enfant. Il se montre aussi très jaloux, va la voir à son nouveau travail sans sa permission, exige de voir son patron, car il ne lui fait pas confiance. Il faudra attendre plus longtemps pour voir comment leur relation évoluera, mais pour le moment, c'est problématique.

Troisième épisode:
Il y a dans 30 vies, un patron particulièrement atroce. C'est évident que l'auteure veut qu'on le déteste. Il oblige la mère (de l'épisode 1) à coucher avec lui si elle veut conserver son emploi et sa promotion, il profite de la précarité de son budget familial, etc. Un vrai de vrai trou de cul. À un moment de cet épisode il est au restaurant du mari de la personnage prof principale, Gabrielle. Alors qu'il attend à la caisse pour payer, il appelle la caissière "pitoune". Gabrielle lui répond: "C'est Katia son nom." Il rétorque : "Ça te dérange tu, ma belle?". Elle répond: "Le mien c'est Fortin." Il se tourne vers le mari de Gabrielle et lui dit : "Laisse pas rentrer des lesbiennes féministes enragées, chef, tu vas perdre ta bonne clientèle." Quand le chef lui répond que c'est sa femme, le trou du cul lui dit : "C'est pour ça que tu cuisines ahah". Il finit par donner un giga pourboire à la serveuse, et il lui dit : "Tiens pitoune, tu le mérites. Tout s'achète." Et il part.

C'est clair qu'on est supposé haïr le personnage. Le problème avec cette scène là, c'est qu'il gagne. Il fait à sa tête, il paye la caissière, l'appelle pitoune, insulte la femme du boss, et il part pareil tranquille, parce qu'il a du CASH. Donc, l'insulte reste valide, ce qu'on retient c'est que Gabrielle est pas lesbienne, mais elle est quand même féministe frustrée. D'ailleurs au moment où le trou de cul dit "pitoune", le mari de Gabrielle fait tout de suite une face de "oh non, ya pas dit ça" parce qu'il sait qu'elle va réagir. Il s'attend à sa réaction. De là à savoir s'il la trouve enragée ou pas, ça serait de la sur interprétation.

Donc, ya ben du stock à analyser dans cette nouvelle série. Pour le moment, on connait pas assez les personnages et l'histoire pour vraiment déterminer l'intention de l'auteure. Les deux exemples que j'ai donné sont déjà surprenants, reste à voir comment ça va évoluer. À suivre! En passant, si vous êtes pas d'accord avec mon interprétation, ou si vous avez d'autres exemples, hésitez pas à commenter!

2 commentaires:

  1. J'ai eu les mêmes réactions intérieures au moment de l'écoute...
    J'ai cependant choisi de poursuivre et d'écouter les épisodes suivants...!
    Le personnage du patron est justement si détestable et manipulateur qu'il devient difficile de lui accorder du crédit, à lui et à ses commentaires/attitudes. Vous verrez si vous poursuivez l'écoute...
    Toutefois, ce qui est le plus insidieux dans les textes de Fabienne sont les commentaires plus subtiles que le personnage principal émet lors de ces mêmes épisodes concernant ce qu'est être une bonne ou une mauvaise mère. Il ne faut pas oublier aussi la contribution du personnage de la meilleure amie, joué par Sylvie Moreau, dans sa tirade analytique sur la triade relationnelle entre le jeune, la prof et la mère...
    Bref...!
    Moi Fabienne, je ne l'ai jamais vraiment aimée... et, elle n'est pas entrain de me gagner, malgré sa brochette d'acteurs...!
    Je poursuivrai peut-être l'écoute, peut-être pas...!

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  2. Je suis d'accord avec toi que le personnage du patron est tellement exagéré qu'il en perds sa crédibilité. Malgré tout, jusqu'à maintenant, c'est lui qui a le pouvoir. J'espère qu'il se fera remettre à sa place d'aplomb.

    Le cas du père est plus insidieux. Sa situation est vraiment dramatique, mais aussi répandue. Je pense que certains hommes pourraient facilement s'identifier à lui et par la même occasion reporter aux aussi leur problèmes sur leurs compagnes.

    Les théories psycho-machins de l'amie sont effectivement assez bizarres.

    J'avais full aimé la série Fortier de Fabienne Larouche, mais ces autres trucs ont rien à voir avec ça...

    Je vais continuer encore un peu à écouter 30 vies, on verra ce que ça va donner.

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